En des gestes vifs et instinctifs, Jacques Soulard sculpte des visages authentiques et intuitifs caractérisés par des sinuosités angulaires et profondes. C’est l’emprunte, à même l’épaisseur de l’argile brute, d’un temps chronologique et intime.
L’artiste conçoit un relief caverneux et fibreux qui rend indiscernable l’existence passée du moment présent furtif.
Plus qu’un objet, chaque sculpture est le lieu d’une tension introspective. Sur le fil détendu de la ride et de la rayure barbue, son extrême fragilité le renvoie contre toute attente à sa toute puissance.
Nous sommes, à chaque fois, devant une représentation archétypale et anachronique, éminemment mythologique et païenne. Ces visages se mettent enfin en lumière, comme si, hantant le temps, ils avaient surpris Jacques Soulard pour se convoquer eux-mêmes, et faire empreinte dans l’argile.
« Homme Un », tête de file de cette série, telle une bête lionne, investit l’espace. Elle s’accouche pour naître dans une glaise atavique, bête noire rugissante de l’inconscient, et se dresse post-partum sur ses quatre mèches, ergots fébriles mais déterminés.
Il court, il court cet Ulysse contemporain à l’orbite noire et profonde. Le visage grave de l’expérience se marie à la maturité avec une puissance inédite. Dans une irrépressible nécessité le modelage devient sauvage et violent. Jacques Soulard travaille un expressionnisme brut teinté d’abstraction, l’impression d’inachevé faisant le lien entre l’organique et l’imaginaire.
















Copyright 2018 Galerie Guernieri Mentions légales