
Sébastien le Blanc
" D'après nature "
Protéïformes
Qu’elle soit figurative ou abstraite, l’expression de la nature est omniprésente dans l'œuvre de Sébastien Le Blanc. Réaliste ou fantastique, c’est une nature foisonnante, protéïforme, habitée d'une faune antédiluvienne. Becs, ailes et griffes s’amalgament, évoquant des oiseaux déboussolés sous un ciel tantôt crépusculaire ( série "Datak" ), tantôt charnu et sanguin ( "La Rose du jour" ). Ces « oiseaux-fleurs » se détachent de la toile comme s’ils l’avaient percée à jour après avoir traversé plusieurs siècles de peinture. On songe à Bosch, Brughel, Roberto Matta, Rebeyrolle... Tour à tour prédateur et proie, ces formes duplices virevoltent dans le tourment des origines. À l’étroit dans cette jungle intérieure, l’artiste conçoit nécessairement (pour elles, pour lui-même) un nouveau territoire à conquérir, permettant ainsi leur dilution, leur insufflant légèreté et poésie.
Fontainebleau
Seul le tableau « Fontainebleau », purement figuratif, semble échapper à ce dessein. Les techniques de l’art urbain (pochoirs, markers, gestuelle) servent une scène de genre : une (fausse) scène de chasse, avec chien et forêt, où la présence de l’homme semble presque incongrue. En effet, lui ( l’artiste? ), sous des airs d’abandon, de feinte nonchalance, transpire l’ambiguïté, trompe son monde avec ce regard fuyant, comme possédé par l’ennui, visiblement étranger à cette nature, voire à sa propre nature.
Le champ de tous les possibles
Le geste artistique, entre ombre et lumière, pureté et corruption de l’esprit, violence et douceur, reste pourtant une offrande, une invitation au voyage. Voyez ces fleurs écloses ( série « De la famille des Broméliacées » ), cette floraison intime telles des bouquets de nerfs, d’émotions et de sentiments contradictoires intriqués au tréfonds, taraudant, fils parallèles tissés autour de l’esprit de l’artiste qu’il lui faut s’échiner à dévider pour faire œuvre – ce chemin de traverse. L’œil de l’artiste agit ici comme le filtre vivant de son monde intérieur, champ de tout son possible.
Sébastien Asselin








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