Louis Lutz
Dès 1963, lutz obtient le prix de la Jeune sculpture puis, l’année suivante, le premier Grand prix de rome avec « combat », plâtre toujours conservé à l’ecole des Beaux Arts : deux figures d’hommes nus se saisissent l’un l’autre en formant deux arcs de cercle. la rigueur de la composition, centrée sur le vide au centre de l’ovale que dessinent ces deux corps, s’allie à un traitement plastique tout en force et en souplesse. Que sa position n’ait rien de vraisemblable n’empêche nullement, bien au contraire, le groupe de symboliser la lutte à son paroxysme. Ne négligeons pas ce prix, qu’on affirme par principe « académique » ; son œuvre s’y trouve déjà en germe.
Comme des générations d’artistes avant lui, il séjourne à la Villa Médicis, que dirigeait alors Balthus, tout en continuant d’exposer tant à paris qu’en Italie. cette « formation » longue a marqué de son empreinte le travail de l’artiste. en témoignent son usage du dessin sans lequel il ne conçoit point de sculptures et sa fascination du corps humain, dont il interroge sans cesse les formes, sujet essentiel de son œuvre. De retour en France, lutz participe à la restauration des sculptures gothiques de la cathédrale de reims et développe une activité d’enseignement qui le conduit à contribuer à la fondation, par Jean legendre, maire, de l’école des Beaux-Arts de compiègne. Gardons-nous cependant de réduire l’artiste au statut d’enseignant, ou pour mieux dire de patron, d’un atelier qu’il anima pendant vingt ans. lutz a patiemment construit une œuvre, largement montrée en France et à l’étranger.
Est-il possible de caractériser en quelques mots l’art de lutz ? le corps humain en demeure le sujet essentiel, non vu pour lui- même à la façon des académies de jadis, mais expression d’âme et de désirs, vecteur d’une énergie qui paraît à la fois indomptable et contrainte. ces corps nus modelés par lutz avec tant de puissance et de liberté sont en effet inscrits dans un espace toujours rigoureux qui, à la fois, les oblige et les structure. Mais le monde est-il vraiment ce carcan duquel ses figures, malgré la force qui les anime, ne sauraient s’échapper ? cette contrainte apparente ne contribue-t-elle pas à les voir incarner la noblesse de l’humaine condition et sa quête éternelle d’un absolu au-delà de ses propres limites ?
Eric Blanchegorge
Conservateur en chef des musées de la Ville de compiègne
Copyright 2018 Galerie Guernieri Mentions légales