Abstraction lyrique, zones coloriées, drapés recouverts de motifs dessinés, supports sculptés, la maîtrise, certaine, est variée. Toutes les techniques se rencontrent, et créent, par là-même, des combinaisons inattendues faites de fragment de plusieurs univers. Les coups de crayon, de pinceau, jaillissent et parviennent à contraster avec des surfaces finement travaillées.
Dans sa peinture José Luis Ceña Ruiz superpose les couches, les textures, les motifs, les jeux de lumière, et fait de ses toiles une surface où se crée un dialogue. L’artiste joue sur le vide et le plein, la transparence et l’opacité, le monochrome et la couleur. Comme dans un rêve éveillé, les repères sont bousculés, et pourtant, l’harmonie demeure.
Entre songe et réalité, rien n’est sûr, la narration oscille entre différents mondes où s’entrechoquent les existences de chacun. L’apparition des individus, enfant, femme ou encore cheval, se fait comme celle d’un voyageur qui entre dans la toile. Pris en flagrant délit d’existence, ces êtres semblent parfois avoir été arrachés de leur monde et placés dans ces fragments hors du temps et hors de toute réalité.
Tantôt vides ou pleines, certaines zones frappent par la densité des émotions. Le mystère reste alors entier, et les personnages singuliers. La superposition de ces différents univers est renforcée par le recours aux différentes techniques de peinture qui induit une certaine profondeur émotionnelle.
Le travail autour des silhouettes crée pour sa part une épaisseur des sujets traités. Comme dans une prise de vue au ralenti, l’image semble se démultiplier derrière les personnages, formant un écho qui prolonge leur passage. Notre attention est doublement attirée ; à la fois sur le sujet principal, et sur ses résonances qui créent une durée intrinsèque au tableau.
Tout se passe comme si la perception du temps était dilatée. Augmentant la charge vitale de chaque personnage, le temps qui s’écoule dans ces toiles est celui d’une narrativité toute particulière, celui d’un tempo existentiel singulier. Certaines présences se manifestent telles des apparitions, parfois doublées d’une ombre aux textures variées, leur écho est visible, et suggère tout un passé qui les suit. Les images se croisent et le tableau se construit ainsi.
La peinture de José Luis Ceña Ruiz est d’un graphisme affirmé. Ses images sont intrinsèquement liées à notre culture et à des objets de notre quotidien. Le tout porte la trace d’un travail en lien avec la photographie, sans jamais y recourir. Conférant aux sujets quelque chose de vivant et de profondément réaliste, les images jaillissent et traduisent des émotions vives et heureuses. Le spectateur accède à une quotidienneté intimiste où les réminiscences du réel présentent ses figures dans toute leur vulnérabilité. Là où le monde de la réalité pourrait avoir ses limites, le monde imaginaire de Jose Luis Ceña Ruiz est infini.
Alice Delacroix
























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